Notre hiver 2009 en Argentine

6ième semaine texte

DIMANCHE, LE 22 FÉVRIER 

Départ du Chili. Tout est fermé en ville. Aujourd’hui, les commerces sont fermés et les églises ouvertes. Elles feront des affaires d’or car les chiliens et chiliennes sont très pratiquants. Diane et moi avons longuement réfléchit au trajet que nous devrions emprunter pour poursuivre notre périple en Amérique du sud. Certaines personnes, des chiliens en autres, nous suggéraient de poursuivre notre route par le nord du Chili, jusqu’à Copiapo ou plus au nord à Antofagasta. La route se fait bien, elle est moins habitée que le nord de l’Argentine et il y a beaucoup à voir. C’est tout de même près de 2000km à faire juste au Chili. Notre première idée a toujours été de traverser en Argentine à partir de Santiago, remonter par Mendoza. Puis de là, nous diriger vers Cordoba, la plus coloniale des villes de l’Amérique du sud, pour nous diriger finalement au nord vers Salta. Enfin, de Salta, nous terminerions notre grande aventure vers les chutes d’Iguaçu.

Nous regardons attentivement le kilométrage à faire en 3 semaines, car la 4ième nous la gardons pour Buenos Aires. Nous pesons le pour et le contre et surtout ce que nous tenons à voir. Nous maintenons finalement notre première idée, soit de traverser immédiatement en Argentine. A 9h30, cap pour les Andes et El Tunel Cristo Redentor à plus de 3200m. Nous savourons nos derniers kilomètres dans ce magnifique pays qu’est le Chili. J’ai encore eu , avant de partir, un dernier témoignage que chiliens et argentins ne font pas bon ménage. En plaçant nos bagages dans la voiture, un groupe de jeunes m’approchent. Tous ces jeunes sortent d’une nuit type happy hour. Il y a en à quelques uns qui sont éméchés et heureusement un, qui lui semble plus sobre à cette heure matinale et pilote les gars et filles du groupe qui cherchent sans doute leurs lits. Il me dit ‘bad your car’. Je comprends, elle est immatriculée en Argentine mais j’ai un écriteau à l’arrière qui indique Canada. Une fois ma situation de touriste éclaircie et qu’une des filles voit une croix en pierre du pays (Lapis-lazuli) à la chaîne de mon coup, les jeunes m’invitent chez eux pour prendre une bière. Je leur explique que nous sommes sur notre départ et nous nous quittons avec les souhaits d’usage de bon voyage et bonne chance.

La route est très belle, je dirais plutôt l’autoroute. Nous montons lentement et nous faisons un arrêt dans un beau petit village appelé Los Andes. Nous avons des achats à faire mais malheureusement nous tombons en premier sur une espèce de marché aux puces puis sur une autre place publique où j’ai l’impression de revenir 40 ans en arrière. C’est un parc qui est entouré de kiosques qui vendent des babioles fabriquées en Chine, ‘cossins’ de tout genre, des tables pour tirer à la carabine à plomb sur des cibles et des petits bassins d’eau où les enfants peuvent pêcher des canards en plastic.

Je me questionne tout à coup. À Santiago, je n’ai pas vu de plaque de l’Argentine.  Il n’y en n’a pas… alors qu’en Patagonie, à Ushuaia ou à Bariloche…. c’était plein de voitures chiliennes… Je comprends que le Chili est plus riche que son voisin et que ses citoyens ont plus les moyens de sortir leurs autos pour prendre la route vers l’Argentine… il doit y avoir une autre raison pour une tel écart… On monte et on monte. Pour atteindre le sommet, en plus des routes qui grimpent longtemps et pour gravir le dernier bout le plus à pic vers le tunnel, nous ferons exactement 31 virages en épingle. Pourquoi 31… parce qu’ils sont numérotés… virage 1, virage 2, virage 3, ainsi de site. Et ça vire… vous en parlerez à Diane. Quand un camion lourd se présente sur la descente… vaut mieux arrêter plutôt que de tenter de négocier le virage à 360o avec celui-ci. Moi j’aime bien cette conduite sportive, mais pour Diane, c’est autre chose !Bon, voilà le tunnel…photo de circonstance et on traverse. Adieu Chili et bravo pour ta discipline, ta propreté et ton civisme, quoique les automobilistes chiliens ne soient pas toujours polis pour vous laisser passer. Mais je l’avoue, le Chili est un beau pays. De l’autre côté du tunnel, nous passons très rapidement à la douane chilienne. Nous commençons notre descente vers les douanes argentines. On passe tout droit. 13 km plus loin, un douanier nous demande notre confirmation de passage à la douane. Pas de papier, on doit remonter 13km pour passer aux douanes qui étaient dans les montagnes. Merdre…mais à ma décharge, ce n’est pas clair ce passage aux douanes d’autant plus qu’il y a des réparations de la chaussé partout.

Quels magnifiques et gigantesques paysages. Des montagnes géantes de près de 7 000m nous entourent. Et que dire des couleurs de vert, de rouille, de beige, de blanc … que le soleil de fin de journée fait éblouir en un spectacle admirable. Ma caméra se fait aller et Diane s’impatiente. Elle a hâte d’arriver à Uspallata, à 60km de la frontière. Nous y voilà et on se fie encore au guide français pour l’hôtel. Zéro ce guide. Comme ce n’est que pour une nuit on se case rapidement mais c’est un autre hôtel minable. Les lits sont propres et nous décollons tôt demain. Une bonne bière froide, nous redonne un peu de sourire et d’énergie. 

Bon là-dessus…on file souper. Je vous reviendrai avec mes commentaires plus tard.

Ça valait la peine. Comme l’hôtel ne nous coûte pas trop cher, on s’est payé une parilla. Diane a pris un loma (filet mignon de bœuf) et j’ai pris de la chèvre…oui…oui… de la chèvre ou du chevreau si vous préférez…EXCELLENT…Ça valait  vraiment la peine. On devait la commercialiser au Québec… au moins faire des parillas chez nous… le BBQ on connaît ça. Je voulais juste vous écoeurer un peu avec mon premier repas de chèvre. Je viens d’avoir une idée… partir au Québec une Parilla… il me semble qu’avoir un tel resto sur la Well à Sherbrooke, vitrine ouverte sur la rue, où la carcasse d’agneau cuit sur la braise…ça devrait attirer des gens non ? Je vais y réfléchir.

Bon…je vous dis finalement bye bye…

LUNDI, LE 23 FÉVRIER…ME SEMBLE QUE ÇA PASSE VITE… Aujourd’hui, journée molo. Diane couvre une autre grippe, alors on ne bouge pas beaucoup.

Nous quittons le village de Uspallata tôt le matin, ensoleillé à plein. On n’ose pas prendre le déjeuner à l’hôtel. En descendant porter les bagages à l’auto, je voyais le café instant sur la table et quelques tranches de pain…alors non merci. A la station service nationale YPF, ils servent du bon café d’habitude. On s’y rend et BRAVO…de délicieux croissants et un café digne de ce nom. Ce n’est pas le café de Mohamed du Délices des Nations…mais c’est mieux que l’instant.

Puis c’est la grande descente vers Mendoza. On descend pendant une grosse heure, je dirais deux. Je n’arrête pas de faire des arrêts pour les photos. On se trouve un hôtel rapidement…IBIS…très confortable et pas trop cher. On prenait souvent cet hôtel en France. Diane est brûlée. Je la laisse et je vais fouiner à Mendoza.

Quelle belle ville…je la décrirais comme douce, ombragée et surtout très commerciale…mais pas fatigante. On sait déjà que Mendoza est la ville et la province, du même nom, reine du raisin, donc du vin. C’est la province de l’Argentine qui ne produit le plus. Tous les grands vins argentins sont issus de cette région.

Je crois que c’est la première ville en Argentine et je dirais ailleurs dans le monde qui a autant d’arbres  La ville a opté pour le platane, un arbre à grand déploiement. Donc, cette ville est ombragé comme une grand oasis. Où que vous soyez en ville, il y a des arbres et de l’ombre. BRAVO aux élus. Messieurs les maires du Québec…plantez des arbres le longs des rues de vos villes…ça rend un centre ville si accueillant, beaucoup plus que le béton d’un centre commercial. Si vous aviez vue le monde dans la rue. Pour une ville de 100 000 habitants, ils étaient tous dans les rues à magasiner (sourire).

Mais un aspect de la ville qui est plus négatifs, ce sont les commerces. Ici, on a l’impression que le monde qui se promène dans les rues achète tout ce qu’ils voient. C’est une ville de la taille de Sherbrooke mais avec 10 ou 20 fois plus de boutiques que chez nous. Les gens d’ici sont des consommateurs enragés. Et que consomment-ils… des souliers. Les boutiques de souliers sont pleines… tout le temps. Je comprends, les argentins font de très beaux souliers. Dans les autres commerces… on vend de tout. Des peccadilles, aux biens inutiles de fabrications chinoises…et dieu sait  qu’il y en a ici.  Bref…la crise économique n’a pas encore frappé dans ce monde du vin. En parcourant les centaines de magasins du centre ville, qui fait je crois bien une bonne dizaine de rues dans un sens par autant dans l’autre, imaginez le nombre de boutiques, à part tous ces petits marchands sur le trottoir sur vendent leurs cossins, je n’ai pas vu une bouteille de vin du Chili, pas plus des biens produits juste à côté. Puis, je me rappelle, au Chili non plus les produits argentins étaient absents à part de quelques marques de maté. C’est étrange n’est-ce pas, que deux pays si proches aient si peu d’échanges commerciaux. Après tout, ces eux pays produisent à eux seuls près du cinquième des vins de la planète. Ça montre un peu la différence entre eux et le peu de confiance qu’ils entretiennent réciproquement. Imaginez le Canada et les USA qui n’auraient pas ou très peu d’échanges commerciaux. On voit bien quelques camions circuler entre les pays, mais ce qu’on vend ici, aussi bien dans la rue qu’en magasin vient du tiers monde et la Chine.

Petite soirée tranquille avec Diane à l’hôtel…sa grippe l’a abattue mais elle revient à la vie tranquillement. Précaution s’impose à cause de la grosse journée de demain. Je prépare donc le souper. Saumon fumée chilien (c’est le type de saumon, comme on nomme celui de Vancouver de saumon cohœ) ici c’est le chilean salmon.  Avec un oignon doux, un citron et des câpres. Ici l’oignon n’est pas plus fort que notre échalote, donc il accompagne merveilleusement bien le saumon. Il ne couvre pas son goût fumé. J’ai acheté un vin blanc argentin que Daniel nous avait offert au souper à Calafate lorsque nous avions dégusté des sushis : un Lurton, dont le vignoble est ici à Mendoza. Simplement divin pour une bouteille à 27 pesos, soit 9$. Le dodo est le bienvenue après que j’eu terminer la compression de toutes mes photos pour le blogue.

A demain.

MARDI, LE 24 FÉVRIER 

Ah ! Ibis…calme, air climatisé…à 8h00, j’ai un œil qui ouvre. Je crains d’avoir passé tout droit et qu’il soit 10h00. Je fais suffisamment de bruit pour faire sentir à Diane qu’il est temps de décoller. Oufff… elle me dit qu’il est juste 8h00. Parfait. Le temps de boucler nos bagages et nous sommes sur la route vers Cordoba à 650km à l’est devant nous. Nous comptons nous rendre ce soir dans une petite ville à 100km de là. Nous voilà encore à traverser l’Argentine d’ouest en est. Cordoba, une ville de près de 2 millions de personnes considérée être le centre de ce pays. On l’évitera et nous visiterons les parcs dans sa périphérie sur quelques jours puis nous nous dirigerons vers le nord, à 1000km de là.

Pendant les 200 premiers kilomètres, soit entre Mendoza et San Luis, nous circulons à travers les plus grands vignobles du pays. Et évidement, la température augmente. Il faut dire aussi que la signalisation routière en Argentine, contrairement au Chili, n’est pas très claire. Il faut être très vigilent pour suivre le réseau routier, si non…on fait des kilomètres en trop avant de faire demi tour. Ne vous fiez pas toujours sur les renseignements que les gens vous donnent… ils peuvent être contradictoires. Vous ferez demi tour encore plus en ch… Mais je dois faire un commentaire très positif aux argentins et chiliens….ils contrôlent le poids de camions lourds 12 mois par année et ils n’ont pas de gel comme chez nous.

Vers midi, il doit faire autour de 40oC. Il faut que je fasse le plein et je vois que le prix de l’essence est plus cher. Je réfléchis. C’est vrai, quand nous sommes descendus dans le sud de l’Argentine, le prix de l’essence baissait. Et là qu’on remonte vers le nord…le prix augmente avec l’altitude. Le Chili, c’était le contraire, plus nous grimpions vers le nord, plus les prix baissaient.  

Nous passons par un campus universitaire en pleine campagne et nous nous achetons des sandwichs aux tomates, laitue et jambon. Divines. Puis entre San Luis et Quines, nous traversons de grandes prairies parsemées d’arbustes sur le bord de la route et d’oiseaux. Vraiment de beaucoup d’oiseaux. Nous comprenons vite pourquoi quand nous faisons un arrêt pour en photographier quelques uns. Des sauterelles. Il y en a partout. Pour les oiseaux, c’est un vrai pique-nique. On en retrouve deux à un moment donné dans l’auto.  Pour Diane, c’est
la manne. Elle verra au moins un dizaine de nouvelles espèces et des très jolis d’ailleurs.

Nous arrivons dans un petit village, à 100km de notre cible. On a fait 480km. On respect notre principe…pas plus que 500km par jour par temps chaud surtout. Il n’y a qu’un hôtel à Villa Dolores. Pas le choix. On nous indique la route car le bureau du tourisme n’ouvre que le week-end après les vacances scolaires. Ah ! Oui, on a recommencé les classes lundi cette semaine ici. On trouve l’hôtel…Hum ! Très chic du dehors. On entre, la fille est des plus accueillante, 175 pesos par nuit (divisez par 3 pour connaître a valeur en dollar), me dit-elle. Il y a une piscine et le petit dej est inclus. Ouais, pour le dej, on repassera. On prend, de toute façon c’est la seule en ville. On visite la chambre et disons que son intérieur est inversement moderne à l’accueil de l’hôtel…mais il y a une piscine et y fait chaud. Je n’en reviens jamais de ces salles de bain argentines dont la douche est ouverte dans la pièce. Faut juste ramasser vos affaires, le papier de toilette et les serviettes avant de vous doucher. Puis après vous épongez partout. Bon…on est arrivé, allez dans la piscine.

Ah ! Quel bonheur. 35oC, une bonne bière froide (ici on sert des grosse dans une espèce de cylindre en foam rigide qui garde la bière froide. Ingénieux. On relaxe…Je placote quelques minutes sur skype avec Raymonde de notre bureau de Montréal et je perds Diane qui s’endort sur son lit. Je vais donc faire l’épicerie seul pour préparer le souper. Vous aurez deviné que dans un petit village comme ici, on mange à l’argentin et on fait l’épicerie à l’argentine. J’achète donc une salade de patates (faut dire qu’elles sont excellentes ici) une tomate à 5 sous, du fromage du pays (en Argentine, vous ne cherchez pas longtemps pour le fromage…il y en a 3 ou 4 sortes …)  et du arrollado el caudill (comme goût, c’est entre le jambon et la mortadelle). Comment vous décrire ce met. C’est une espèce de viande pressée, du bœuf ou de la vache d’habitude, mince, qu’on roule comme un sandwich pas de croûte, mais dans laquelle viande on aura étalé fromage, légumes, œufs au préalable..  Puis évidement, la traditionnelle bouteille de vin rouge. Ce soir, nous dégustons un Estiba, Malbec 2005. La facture : 30 pesos, soit 10$. Diane dort encore et il est 22h00. Je fais donc comme Guy A. Lepage…j’ouvre et je déguste. A votre santé. Hm ! Pas si mal, mais un peu chaud, comme tous les vins ici d’ailleurs. C’est pour ça que dans les restos on demande vino con hielo. Bon ben…bonne appétit. Ce n’est pas pire. De toute façon quand vous sortez des grands centres, il faut faire des compromis sur la bouffe. Être dans un resto serait l’idéal, mais je tente de respecter mon objectif de dépenses quotidiennes à 100$, hôtel et repas. Donc, nous fréquentons le resto aux trois jours à peu près et pour le reste on se débrouille. Mais…le Québec est en avance sur les mets préparés

 A demain.

MERCREDI, LE 25 FÉVRIER…MERCREDI DES CENDRES EN ARGENTINE  Quel beau matin encore. Il y a une semaine maintenant que nous nous réveillons sans aucun nuage. Il fait autour de 20oC à 8h00. Nous avons comme projet de faire beaucoup de route, du moins passer Cordoba et nous diriger vers Salta. Bon petit déjeuner à l’Hôtel de la Montagne. Il n’y a pas que du pain et du beurre. De très bons croissants. Je fais donc provision d’énergie pour l’avant midi en avalant trois de ceux-ci avec un peu de confiture de…je ne sais pas quoi, mais c’était délicieux…On voudrait bien visiter un site ornithologique annoncé mais faute d’indication routière précise, nous y renonçons et nous filons vers le nord, vers Cordoba. Nous traversons quelques très beaux villages dont Nono (hé ben oui), Las Tapias et  Mina Clave. Nous entreprenons ensuite la montée vers la Pampa de Achala.  Nous grimpons à 7 000 pieds. WOW. 3 fois WOW. Aussi impressionnant que les Andes. Des routes sportives (Diane aime moins ça), des décors enchanteurs, des paysages étranges, bref, comme je dis toujours, un spectacle unique. Je ne sais combien d’arrêts j’ai fait pour prendre des clichés, mais assez pour réduire mon objectif de faire 500km aujourd’hui. Je sais que les photos ne rendront jamais ce que nous pouvons observer devant de tels décors gigantesques, mais c’est unique. La Pampa et la Pampilla (lieu où se tiennent les condors), sont situées dans le centre de l’Argentine  et même à 6000 pieds, vous découvrez une ferme où on fait de l’élevage. Vous grimpez et grimpez, puis vous arrivez sur un grand plateau de dizaine de kilomètres et vous êtes ailleurs. C’est là que le condor doit apprendre à faire voler ses petits. Il faut marcher deux à trois heures pour arriver au site d’observation…non merci me dit Diane. Nous arrêtons pour dîner. Nous prenons de l’agneau, une espèce de steak…rosée à point. HUM … DÉLICIEUX. Un idée du prix…le steak, les frites, les boissons…10$. En plus, nous avons droit à tout un spectacle de colibris. Juste devant le resto, une bande de colibris dans un arbre en fleur, se courent après, lance des cris et se posent sur des petites branchent pour que nous les prenions en photos. Tout un show.

Puis vous redescendez…mais là ça descend. Je dois l’avouer, en 30 ans de conduite automobile et 15 ans de moto, et Dieu sait que j’ai fais de très belles routes en moto, autant aux USA qu’en Europe, la route qui descendait cette Pampa de Achala, a été la plus sportive pour moi et  sans doute la plus stressante pour Diane. Quelle belle  route en épingle…pas à 180o…mais à 300o à l’occasion. On pouvait saluer les chauffeurs de camions lourds que nous venions de croiser dans les virages en épingle. Ça vous dit tout de la route. Et ça descendait ainsi pendant 12 kilomètres…Ohlala…

Une fois rendu en bas et Diane plus relaxe, nous nous sommes dirigés vers la ville du CHE. Alta Garcia a deux particularités : elle abrite les plus ancienne hacienda monastique d’Argentine. Elle date du 16ième siècle et fut érigée par les Jésuites.  Puis, cette ville a accueilli Cheguevara  pendant son adolescence. Pour le lieu érigé par les Jésuites, autant l’église que l’hacienda, ils sont très bien préservés.  Quant au Che, on visite cette maison en silence. Il y a comme une vénération du peuple argentin pour le Che, le prince de la révolution cubaine. Les Argentins sont de grands consommateurs et je dirais assez vendus au capitalisme. On honore le Che beaucoup plus comme un fils de la nation qu’un défenseur de la révolution anticapitaliste. Le Che est devenu après sa mort comme l’enfant prodigue qui revenait chez lui en Argentine. J’ai senti beaucoup de spiritualité autour de cette maison. Est-ce que le Che tenterait d’influencer ceux que la visitent ?

Fin d’après midi…y fait chaud…On décide comme nous l’avons projeté sur l’heure du dîner de nous diriger vers Villa Carlos Paz ou si vous préférez, le Saint Tropez du Nord. Une ville de 60 000 habitants qui doit monter à 200 000 l’été à cause des deux magnifiques grands lacs. Une très belle région où on se sent d’avantage en Europe ou dans une région très touristique de l’Amérique du Nord. Lacs, plages, boutiques, circulation, etc. Nous nous dirigeons un très bel hôtel, un 3 étoiles, très luxueux avec piscine, stationnement privé et une très grande chambre avec la clime pour 70$. Uns fois installés…nous nous reposons avant d’aller bouffer sur l’avenue piétonnière du coin.

Une soirée comme j’aime. Nous avons pris un bain de foule et foule il y avait, croyez-moi. Faut dire que c’était le mercredi des Cendres et il semblerait que ce soit congé ici. Comment avons-nous su que c’était le Mercredi des Cendres ? Les gens conservent sur leur front la croix fait par le prête alors qu’il signe les fidèles avec de la cendre. Le premier que j’ai vu dans la rue avec un tel signe, je croyais vraiment qu’il avait un tatouage dans le front. Mais quand je suis allé à la banque prendre quelques billets, une dizaine de personnes avaient le même signe. C’est Diane qui a pensé aux Mercredi des Cendres. C’est bizarre mais ça dit tout sur la profondeur religieuse de ce peuple.

Pour souper, nous avons bouffé une bonne pizza avec une bonne bouteille de rouge…à moitié du tarif de chez-nous. Dites- moi…est-ce qu’on se fait avoir au Québec ?

Encore une fois, je suis renversé par le nombre d’argentins dans la rue…avec des enfants ou pas, à magasiner ou manger dans un resto.  Je vois des femmes avec des enfants de quelques mois. Elles leur donnent le sein ici et là sans formalité…j’ai même vue une femme qui en magasinant pour des jeans, allaitait son enfant. D’autres assises ici et là…sans couverture pour cacher le bébé ou le sein.

Je dors la dessus…vous aussi.

Bonne nuit.

JEUDI, LE 26 FÉVRIER Nous sommes à Santiago del Estero, à 400km de notre but dans le nord e l’Argentine, soit Salta. Il a fait 50oC ici aujourd’hui. Y fait chaud, c’est vrai. Ah ! Un peu de fraîcheur du Québec SVP…Il dire par contre que le temps est très sec donc les températures chaudes se tolèrent relativement bien.On s’est levé un peu tard, 9h00. C’était si calme dans l’hôtel où nous étions. Nous avons eu un excellent déjeuner, à la hauteur de la qualité de l’hôtel. Nous avons pris la route rapidement et je n’ai jamais vu autant de champ de maïs de ma vie. Sur presque 300km, cultures de maïs, soya et blé se succédaient dans un décor très doux et relativement vallonneux. Un mélange de la Montérégie et la Beauce quoi.  Sauf, que ça roulait. On me dépassait à plus de 140km/h.

Nous sommes donc partis de Alta Garcias et avons traversé Cordoba, puis nous avons pris la direction nord vers Jesus Maria. Comme je le disais, plus tôt…que des champs de céréales. Impressionnantes cette grandes terres cultivées. Vous parcourez des terres dont le maïs vient d’être cultivé et puis d’autres terres dont le maïs a tout juste 30cm, puis du maïs mature et enfin du maïs tout vert qui pourrait être récolté dans quelques semaines. Je suis persuadé qu’ici…le maïs pousse 12 mois par année. C’est la même chose pour les autres cultures.

Puis, je rencontre des familles en charrette qui se rendent, je ne sais où. Des travailleurs qui sont avec leur charrette sur un chantier de construction à ramasser les débris. L’Argentine est vraiment entre deux mondes : l’ancestral et le moderne. Je crois que le Chili est un plus en avance dans la modernité que l‘Argentine.  Est-ce bien d’être en avance sur l’abandon de pratique aussi ancestrale de l’utilisation des animaux de trait comme le cheval ?  Je n’ai pas de réponse, ni si c’est à l’avantage du pays, mais on constate bien ici tout l’ampleur de la révolution technologique…quand vous observez un conducteur de charrette avec un cellulaire à la main….Un pays entre deux mondes.

Puis nous poursuivons notre route vers le nord, donc vers la chaleur, et la chaleur s’impose de plus en plus. Les céréales font place tout à coût à un large couvert forestier sur une centaine de kilomètres. Puis…les cactus apparaissent dans le décor un peu plus désertique. Des gens qui habitent le long de la route que nous empruntons, soit la N9, vendent des produits du pays : peaux de vaches ou de chèvres…tiges de cactus asséchées ou plans de cactus… Des jeunes sur le bord de la route nous font de grands signes pour attirer notre attention sur leur stand. On sent tout de même les effets de la sécheresse qui sévit sur l’Argentine. Au nouvelles de la télé, on nous disait comment les plans d’eau sont asséchés…on a vue très peu de rivières coulées sous les ponts que nous avons traversés… En parlant de culture…ici la bête qui semble dominante, c’est la chèvre. Il y en a partout et nous n’avons presque rien vu d’autre, à part évidemment les chevaux sauvages.

Nous poursuivons notre route  sur la 9N et nous traversons une région désertique qui s’étend sur une cinquantaine de kilomètres. C’est le désert, quand  sur les abords de la route,  des étangs aussi surprenantes que rares, nous offrent un spectacle inattendu. Et que voyons nous…une dizaine d’espèces nouvelles d’oiseaux. On y passera presque une heure à observer de grands échassiers, des petits oiseaux de rivages et des canards au plus grand plaisir de Diane. De très beaux oiseaux.

Nous arrivons vers  18h30 au kiosque touristique, le meilleure des guides pour les hôtels. Nous trouvons rapidement. C’est bien et nous sommes rapidement étendus sur les lits de notre chambre…après plus de 500km sur la route. Pas de WiFi…On ne pourra pas parler à notre amie Carole ou écouter Jean Lapierre à FM98,5 Montréal.

Voilà notre journée…le pétrole poursuit sa remontée…mais le prix de  la bouffe descend… donc tout s’équilibre. Chose bizarre, il n’y a pas d’indépendants qui vendent de l’essence. Tout se fait autour de grandes entreprises comme Shell, YPF, Petrobra…

VENDREDI, LE 27 FÉVRIER  OUPS…9h15…on est très tard debout. Nous sommes revenus à l’heure de Buenos Aires…3 heures de décalage avec Montréal plutôt que deux.  Les grandes journées à faire que de la route commencent à nous entrer dans le corps. Nous sommes dus  pour un arrêt de quelques jours, ce que nous ferons ce soir à Salta…mais il nous reste un gros 550km à faire d’ici là. Pas un nuage à l’horizon. Deux couleurs prédominent sur la route : le bleu azure d’un ciel sans nuage et le vert éclatant des champs de maïs et de soyas. Les provinces de Santiago et Salta plus accidentées, nous sommes dans le piedmont des Andes. On peut voir des sommets enneigés  au loin. En roulant sur une belle route, la 34N, nous soulevons, non pas des nuages de poussière mais des nuées de tourterelles. Nous n’avons jamais vu autant de tourterelles virevolter  autour de l’auto. Elles sont rassemblées le long de la route, sur l’accotement dont l’herbe fraîchement coupée leur offre des grains tombés au sol. Les arbres le long de la route en sont pleins. À plusieurs occasions certains de ces volatiles frôlent la mort de près en se dirigent tout droit sur notre pare-brise. D’ailleurs, plusieurs carcasses sur la route le montrent bien. On n’a jamais vu pareil spectacle. Et ça dure pendant 150km.

De temps à autre, la chaussée ressemble aux rues de Montréal le printemps…des nids de poules… Il faut faire du slalom entre les trous afin d’éviter une crevaison. Puis, la route devient excellente et ça reprend avec les trous. On évite une tortue qui traverse la route. Je regarde dans mon rétroviseur, un camionneur s’est arrêté. Je me dis il va aider la tortue à se diriger de l’autre côté. Mais non, il repart avec la tortue. Une façon d’arrondir sa fin de mois ou de s’offrir une soupe à la tortue.  Puis on évite un iguane. Le temps de la photographier et nous sommes repartis.

Plus nous nous rapprochons de Salta, plus le paysage devient montagneux, plus il verdit et plus les arbres sont de grande dimension. Nous sommes maintenant à la hauteur du Tropique du Capricorne, soit 24o Sud du globe. Nous avons roulé plus de 4500 kilomètres au cours des 20 derniers jours, 12000km depuis notre grand départ. Les cultures de maïs et de soya, quoi qu’encore présentes, font place aux plantations de canne à sucre. On se sent vraiment aux tropiques. Le temps est aussi plus humide. Mais, si le temps est plus frais, il est plus lourd.

Les oiseaux se font de plus en plus nombreux et nos arrêts sont plus fréquents. Ça nous fait malheureusement oubliés un peu la direction que nous devons rendre. Diane me fait remarqué que les villes annoncées sont bien au-delà de Salta. On annonce Jujuy (prononcer Houhouille)…on a dépassé Salta de 40km. Une bande de Tantales d’Amérique et une spatule rosée (voir photos) ayant attiré notre attention, et je dirais notre enthousiasme, nous ont fait rater la sortie pour Salta. Je  rebrousse chemin, choqué de ma distraction…surtout que la patience à cette heure de la journée est plus courte.

Enfin, Salta, 10km…Poste de payage et bureau touristique. Nous débarquons et entrons au bureau des visiteurs afin de nous informer de la disponibilité d’un apart hôtel bien équipé. Nous sommes accueillis par deux dames, dont l’une nous remet un feuillet d’information sur un apart hôtel, Las Pecanas. Elle nous parle de ses tarifs, très bas, soit 80 pesos (25$) par personnes par nuit. Mon dieu…pas cher et tout équipé avec le WI-FI ? Ben oui. Diane s’aperçoit bien que ce n’est pas une employée du bureau mais bien la proprio de l’apart hôtel qui fait de la promotion jusqu’au bureau touristique. Elle nous demande si on veut la suivre jusqu’à Salta. Bof, on n’a rien à perdre. On arrive dans un  beau quartier dans le nord de la ville. L’extérieur est encourageant, la  bâtisse est jolie et de construction récente. Nous la suivons à l’intérieur et elle nous fait visiter l’appart. WOW… Nous sommes bénis. Y a des filles en haut qui pensaient à nous autres. C’est presque de la dimension de notre condo. Nous sommes au deuxième, vue sur les Andes et les volcans avec les sommets enneigés. Tout y est. L’endroit est excellent pour faire une pause de 3 ou 4 jours. 

Nous défaisons rapidement nos bagages et profitons de la chance qui nous est offerte d’avoir un logement de luxe à bon prix. Nous faisons les courses et je prépare le souper : un bon spaghat…Puis, j’ai du lavage à faire. Chaque appartement est équipé d’un lavoir à linge…à main.

Petite placote avec nos amis de Sherbrooke, Carole et Pierre pour leur donner de nos nouvelles et prendre des leurs. Je fini mon texte et au lit. On a du repos à récupérer.

A demain, dernière journée de notre sixième semaine.

SAMEDI, LE 28 FÉVRIER…  Nous avons dormi ça jusqu’à 9h30…Je suis agréablement surpris. Météo médias annonçait 3 jours consécutif de pluie à Salta. Rien de tout ça. Le ciel est bleu et on voit même la neige au sommet des volcans. Décidément, les argentins ne sont pas meilleurs dans leurs prévisions météo que dans la signalisation routière ! Ce sera tout de même une journée molo de balade dans la ville, question de découvrir son charme andin et ses richesses. Il ne faut pas que j’oublie de vous parler de cette presque sainte argentine à qui on doit tous les autels le long de la route où argentins, principalement les routiers de toutes catégories, déposent des contenants d’eau.Nous commençons par une marche dans le parc urbain au centre ville, très bien aménagé autour d’un grand étang où plusieurs espèces de canards profitent de la manne des visiteurs : le pop-corn… Nous faisons le tour des boutiques qui disent vendre de la marchandise artisanale. Pas fort. À part quelques exceptions ce qu’on y vend m’apparaît plus de l’artisanat chinois sorti tout droit de leurs usines. Ça semble répondre aux besoins des gens d’ici. Et, comme toutes les filles de plus de 20 ans ont un ou deux enfants, si non trois, il y a une foule de babioles destinés aux enfants.

Nous décidons d’aller luncher en haut de la montagne au centre-ville de Salta. Un funiculaire vous y dépose à plus de 1000 mètres d’altitude. Une belle surprise nous attend tout en haut. C’est très bien aménagé…pas kitch du tout. Les chutes qui charment tous les visiteurs sont une belle réalisation technique et pas quétaine du tout. Aménagé avec goût  que ce sommet. Un must si vous venez à Salta. Prévoyez une demi-journée vraiment pour bien en profiter. Nous prenons une collation en admirant la ville et ses collines verdoyantes l’entourant et nous revenons à notre logement pour faire la sieste de l’après-midi.

En terminant, la fameuse pseudo sainte, Difunta Correa. Voilà son histoire et elle est un peu devenue une légende tout comme le Gauchito Gill. Je vous en ai déjà parlé de ce gars-là dans  un texte antérieur.

Pendant la guerre civile de 1840, Deolinda Correa suivi à pied à travers le désert de San Juan (Nous l’avons traversé en auto et le faire à pied, ça vaut le titre de sainte) les déplacements du bataillon de son mari malade avec son bébé. Évidemment, elle mourut de faim et de soif pendant la traversée du désert. Quand on la découvrit, le bébé qui avait miraculeusement survécu tétait le sein de sa mère morte.  On lui érigea un sanctuaire près de Mendoza, soit à Vallecito. À Pâques et à Noël plus de 200 000 personnes feront le pèlerinage vers ce village pour honorer Deolinda.  Et les bouteilles d’eau…et bien les routiers les déposent aux autels pour étancher sa soif en échange de toute sorte de demandes (protection des récoltes, guérison, etc). Malgré l’opposition de l’Église, le sanctuaire de la Difunta Correa s’est développé à mesure que la croyance en ses pouvoirs s’est répandue.

En cette fin de journée, nous avons été magasiné dans l’est de la ville où on nous dit, sur la carte de la ville, qu’il y a un véritable comptoir de produits artisanaux régionaux. Situé dans une vieille bâtisse de l’époque de la colonisation, parrainé par le ministère du Tourisme, ce marché offre de meilleurs produits. Nous revenons à notre appart à la noirceur. Salta est une ville où presque aucune signalisation des rues n’existe. Alors, imaginez le défi de nous retrouver dans ses petites rues sans indication. On a un peu tourné en rond mais on y est arrivé

Petit souper tranquille. Au menu : omelette argentine. Œufs argentins, oignon argentin, champignons en conserve achetés en Argentine ( !), beurre et fromage de l’Argentine et vin rouge de l’Argentine…donc…oui omelette argentine.

Bonne nuit et à demain. Je fini mon vin… un Cafayate 2007 Malbec…un vin de la région de Salta.

Alors, se termine ici notre sixième semaine en Argentine.

Nous demeurons à Salta jusqu’à lundi, question de se reposer de tout ce kilométrage.

A la semaine prochaine.

 

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