Notre hiver 2009 en Argentine

2ième semaine texte

SAMEDI LE 24 JANVIER…EN  PATAGONIE 

Nous sommes à 900 kilomètres au sud de Buenos Aires…une journée de route et une fin pénible. Nous sommes dans un bled  argentin perdu au milieu de nulle part et dans une chambre type moins deux étoiles. Je vous explique avant de vous parler de notre parcours routier.

Patrick nous avait indiqué que nous pouvions facilement faire beaucoup de route et nous rendre jusqu’à Fortin Mercedes, un beau petit village non loin de Villalonga. Malheureusement, il n’y avait plus de motel ou hôtel convenable et nous avions décidé après moult tentatives de nous dénicher un gîte, de poursuivre notre route. J’étais brûlé et comme il arrive souvent dans les premiers déplacements d’un tel voyage, on a continué espérant trouver mieux. Mais ici, ce n’est pas le Québec. Vous avez un village minuscule à tous les 100 kilomètres, comme les stations services d’ailleurs. Rien pour écrire à sa mère. Donc vers 9h00, nous voilà, après visité quelques hôtels le long de notre parcours depuis 18h00, à circuler dans ce village, circuler et circuler, pour trouver l’une des deux hôtels qu’on nous dit qu’elles existent. Une ville avec une vingtaine de rues à sens unique. On passe et repasse par les mêmes deux, puis trois fois. On nous fait des dessins des ‘quadras’ (quadrilatères)  qu’il faut prendre. Puis, je vois un policier à qui je demande de me faire un dessin !!!! A la vue du papier et du crayons, il décide de prendre son véhicule et nous conduire à l’une des hôtels car en temps, nous en avions trouvé une mais elle était hors de service et ma foi, sa propreté extérieur n’inspirait pas confiance. Nous voilà donc à suivre le policier qui nous conduit tout gentiment, par les dizaines de sens uniques à un resto où c’est indiqué dansla fenêtre Residence. Ce sont des petites chambres aménagées, je dirais pour dépanner. On n’y passe pas
la semaine. C’est tout ce qui nous reste comme habitacion, une chambre minuscule que Diane désespère à utiliser. Si vous verriez
la toilette. La chasse d’eau, c’est un bâton qu’on soulève dans le mur et la douche est en plein milieu de la minuscule chambre de bain.  J’avoue n’avoir jamais rien vu de pareil de ma vie. Les draps sont propres  et le coin tranquille. Pis, j’ai acheté un cellulaire qui ne fonctionne pas encore. Alors, ça rend nos réservations difficiles sur la route. Pour tout dire, même si les proprios sont charmants, c’est minable. Mais je vous avoue que j’aurais couché ici après ma sortie de l’avion tellement comme ce soir je cherchais un oreiller pour dormir. Il va falloir que ce maudit cellulaire fonctionne car sans lui, on est mal pris. Ici trouver même un téléphone public est toute une recherche. Tout le monde est au cellulaire.  Mais on est au frais. Le temps ici en Patagonie n’est pas aussi pesant qu’à Buenos Aires. Une expérience qui nous fera rire dans quelques années mais qui nous frustre pour le moment.

Il faut dire que le tout a débuté tôt ce matin. Debout à 7h00, Diane et moi avons pris la route vers 8h30 après avoir quitté Elisabeth et Patrick. Nous avons traversé Buenos Aires sans embûche et avons atteint la Pampa rapidement. Il faisait près de 40oC toute la journée jusqu’à notre arrivée en soirée en Patagonie. Ça nous a pris une bonne heure et demie de faire le tour de
la capitale. C’est grand, mais le trafic relativement paisible.

Tous au long de la traversée de la Pampa, vous êtes épatés par la grandeur du territoire, de route longue et droite comme dans l’ouest Canadienne. Une courbe au 30 kilomètres. Du maïs, du tournesol et du bœuf, accompagné de chevaux. De grandes tours montées d’un éventail qui pompent de l’eau dans des puits pour le bétail. Vous en retrouverez partout en Argentine afin de que le bétail ne souffre jamais de soif. C’est une loi et dans le domaine agricole, vous avez avantage à la respecter, parce qu’ici l’agriculture est roi et maître. Il faut que bétail rapporte et il rapporte. Les camions circulent vite même si les lois de la route imposent plusieurs limites de vitesse : 110 à 130 les auto et 90 à 110 pour les camions. On circule tous à la même vitesse : VITE.  Je roulais à 120 sur les routes qui se rencontrent et je me faisais dépasser  par des véhicules roulant à 140. Mais c’est droit sécuritaire et les chauffeurs sont tout de même prudents. Je n’ai pas encore vu de petits cons à la casquette à l’envers ici.  

Puis, les oiseaux. Je n’en n’ai jamais vu autant. En partant, je frappe un vol d’hirondelles. J’en écrase sur mon pare-chocs deux belles petites innocentes bestioles. On n’a jamais vu, Diane et moi, autant de rapaces. Il en a partout et de plusieurs espèces. Vous croisez un rare cours d’eau, et ce sont de centaines, si non de milliers d’oiseaux qui s’y baignent ou y cherchent de la nourriture. Vraiment, impressionnant.

Puis arrivé à… Bahïa, on a tout un spectacle. Un tempête de sable. Le vent se lève avant d’arriver dans cette grande cité de plus de 300 000 habitants et un mur brun se dresse devant notre auto. Trop tard, nous sommes dedans. Ça circule les phares allumés, les feux d’urgence aussi, et le vent vous promène d’un bord et l’autre  de l’autoroute. Aucune pluie, juste du vent et de la poussière fine. On m’expliquera plus tard en soirée, que cela se produit par grandes chaleurs quand un front froid arrive et créée de la perturbation en provenance des Andes. C’est impressionnant et surtout inquiétant quand tu traverses pour la première fois un tel rideau de poussière que tu ne sais pas d’où ça vient. Ca vient tout simplement de la Pampa avec tout le piétinement des millions de bêtes qui y vivent.

Donc, une grosse journée…je me disais…après 4 jours de repos, on pouvait se la faire…mais ce n’est pas agréable pour nous deux. On s’impatiente et c’est dur sur le moral. Bon Diane est en plein sommeil. Ça ira mieux demain. On s’est dit que nous allons mieux planifier nos couchers au moins une semaine en avance.

Bonne journée tout de même. De très belles photos et surtout, un parcours dans un monde étrange et loin de chez nous. Plus on descend, plus on s’éloigne de notre Québec. On se sent ce soir ben loin de chez nous.

Bonne nuit, chers amis.

DIMANCHE, LE 25 JANVIER 

Nous prenons la route de la petite ville où nous avons passé une bonne nuit dans un residence tranquille et ma foi fort reposante. Diane aussi. Sa décision de coucher dans l’auto n’a pas été exécutée et elle s’est assoupie rapidement sur le lit sans se déshabiller. Je l’ai retrouvée ainsi le matin quand je me suis réveillé vers 9h00. On a pris la route vers Carmen de Pantagones vers 9h30.

Chemin faisant, nous avons découvert une multitude d’oiseaux et ce fut un arrêt à chaque occasion. Nous circulions à vitesse plus réduite que
la veille. Le temps se rafraîchit. La circulation plus éparse. On assiste à une autre tempête de sable. La Patagonie est une très grande région de steppes et de terres presque arides à  première vue. Y broutent chevaux, bovins et moutons.  On arrête ici et là à la vue d’un oiseau rare. Il faut dire que chaque oiseau que nous observons, est pour Diane une nouveauté.

Un mot sur la circulation Sur les autoroutes, on indique 130 km/h, mais on fait du 150. Sur les routes provinciales,  le 110 est indiqué, mais on fait du 130. Jamais une police n’intercepte un individu. On installe plutôt des points de contrôle. Deux ou trois policiers installent des cônes sur la ligne blanche de la route et des tuyaux rigides à travers la route comme des dos d’âne qui ralentissent le trafic. Quand vous passer près d’eux on vous regarde de près et on vous fait des signes comme aujourd’hui, on m’a fait le signe d’allumer mes phares. D’autres seront interceptés pour d’autres motifs, comme l’alcootest. Sur une route aujourd’hui, en revenant de El Condor, près de la mer, nous avons passé trois point de contrôle et un des policiers m’a ralenti et m’a fait signe de la main que mes phares étaient éteints. Une foi mes phares allumés, il m’a fait signe OK. Mais la plus part du temps, les flics parlent en eux sans se soucier trop du trafic…

Donc, après avoir navigué à travers les premiers kilomètres de la Patagonie, découvert ses terres formidables,  croisé des émeus, des autruches, des motos, des bizarreries…nous voilà au rendu à Carmen del Patagonnes. Cette belle petite ville se situe sur les rives de Rio Negro, un grand fleuve de l’Argentine. Il prend ses origines dans les Andes et se jette dans l’Atlantique Sud.  Nous traversons un pont, quel pont qui fait les rives entre Carmen de Patagones  et Viedma.  Une voie ferrée réhabilitées en pont pour voitures nous amène du coté Viedma.  On se croise mais c’est serré. Puis, nous nous rendons au kiosque touristique de la ville de Viedma et on obtient toute l’info pour l’hôtel que nous occuperons ce soir. On n’a pas fait beaucoup de kilométrage, mais on a voulu prendre ça molo aujourd’hui. Après tout c’est dimanche et les argentins le passent en famille. Au kiosque touristique, situé sur la rive du fleuve nous le montre bien. Un tas de familles y est déjà avec leurs enfants pour faire le pique-nique et se baigner. L’eau de la rivière est chaude. C’est plein de familles. Je crois que les argentins ressemblent aux espagnols…la familia este premidera.  C’est beau à voir. On choisi quelques hôtels et après deux visites…c’est décidé, on en choisit une troisième.

Une fois les bagages sortis, on se dirige vers le resto. Une bonne sandwich et on repart sur la route vers la mer, vers El Condor, sur l’Atlantique sud.  Quel paysage en arrivant la bas. Magnifique et c’est plein de perroquets. Une espèce qui niche dans les falaises de
la mer. Vous verrez avec les photos, tout est falaise ici. Nous décidons de longer la mer par une voie routière panoramique. Nous nous dirigeons vers un Parc Provincial qui abrite une colonie de lions de mer, dont les mères viennent de mettrent bas leurs petits lionceaux de mer. On fait quelques 30 km sur les corniches de la région sur une voie pavée qui a de l’âge. On peut observer toutes sortes d’oiseaux encore et Diane est ravie. Nous atteignons le parc qui est en pleine rénovation mais les lions de mer sont au rendez-vous comme beaucoup d’argentins en vacance. Je vous le répète, janvier et février sont leurs mois de vacances annuelles ici.

On fait donc une journée de 200 km et on revient à l’hôtel reposés et surtout heureux de notre journée. On a repassé par El Condor en fin de journée, histoire de faire comme les citoyens des alentour qui descendent directement leurs véhicules sur la plage. Ça valait une photo… J

La température de l’eau  est comme Wild Wood l’été…ça vous donne une idées. On s’est quand même mis la petite orteil dedans.

Puis de retour, petit rhum et une bonne douche. On sort souper, à 10h30 PM dans un resto tout à proximité de l’hôtel, lequel offre un buffet à chinoise mais de mets argentins. Poulets et bœufs cuits sur la braise en primes. Je me suis lancé dans le bœuf. Comment dire ? Ce qu’ils servaient ce soir comme bœuf, ce sont des grosses spareribs… grasses. Excellentes. Disons que je dégraissais mes pièces alors que les argentins mangent tout. On dit ici que le cholestérol est ignoré comme fumer dans les restos…c’est encore ici une habitude tout à fait tolérée. Mais ce qui surprend de ces soupers tardifs,  c’est de voir des familles complètes arriver à minuit pour venir souper. La famille au complet, femmes et enfants inclus.  On a quitté le resto à  minuit et 20 et ça entrait encore. Comment font-elles ces familles pour se lever tôt le lundi matin ???

Bon je viens de voir l’heure…2h00. Il est temps. Je suis à me mettre à l’heure argentine.

A demain.

LUNDI, LE 26 JANVIER 

Nous sommes sur la route vers 11h00 après avoir visité un monument national à
la ville Carmen de Patagones,
la Cathédrale  Sainte-Carmen.  Cette cathédrale fut le lieu où les Argentine gagnèrent la bataille sur les espagnoles et volèrent leurs drapeaux. Ceux-ci sont dans cette cathédrale en guise de souvenir de l’indépendance de l’Argentine.

Puis, nous avons roulé à travers la Patagonie 200 km, une journée encore tranquille, mais plus on avançait vers l’ouest, plus la chaleur nous envahissait. On a tout de même eu l’occasion d’observer de beaux oiseaux, dont des tyrans à longue queue. Un oiseau rapace avait attiré notre attention. Il volait bas et j’ai pu prendre quelques beaux clichés. Tout à coup, deux ou trois tyrans l’ont attaqué. Mal leur en pris, deux autres rapaces sont venus à l’aide du prédateur et un des tyran a été saisi au vol par l’un deux. Quel spectacle en plein désert, car la Patagonie, dans un certain point de vue est un grand désert garni d’arbrisseaux remplis d’épines. Tout s’y accroche si on s’y frotte. La civilisation a bien fait son œuvre ici…les sacs de plastics sont légion. Tout s’accroche à ces arbrisseaux. J’en sais quelques choses avec la prise de mes photos sur le bord des routes… J

Nous avons fait une centaine de km dans les terres (faut dire vite) de la Patagonie afin d’aller observer des oiseaux endémiques (ils sont présents juste ici). Rien. Il fait trop chaud croyons-nous. Bonne nouvelle, le prix de l’essence baisse au fur et à mesure que nous approchons des zones d’exploitation. Il était de 1,25 le litre à Buenos Aires et ici il approche le 0,80$ le litre. Serions-nous rendus dans l’Alberta  argentin ?

Aujourd’hui nous sommes arrêtés dans un resto fréquenté par les camionneurs. On a dîné à l’argentin. 10$ pour deux…toutes taxes comprises et la bières aussi. Pas cher et très bon. Puis, nous nous sommes campés à Las Grutas, station balnéaire remplie de jeunes. Les hôtels sont très chers. Rien en bas de 60$. On s’aperçoit que nous avons choisi la haute saison pour voyager en Argentine et les prix ont bondi par rapport aux prix indiqués dans les guides touristiques. Pour ce soir, nous avons trouvé une chambre dans une Residence et ma foi, selon les critères de Diane, c’est très bien pour 170 Pesos (60$).  De plus, il y a un séchoir à cheveux dans la salle de bain…du luxe que nous n’avions encore jamais vu.

Je n’en reviens pas encore du trafic. La dépense que l’Argentine a le plus négligé de son histoire : les feux de circulation et les panneaux ARRÊT. A chaque coin de rue, il faut de la vigilance et une bonne vision pour savoir quelles voitures viennent vers nous. La priorité est au premier arrivé. La rue n’est pas pour les piétons. La priorité est aux automobilistes. On surprend le monde quand on les laisse traverser la rue avant nous. Même les piétons ont l’air de se demander : « Mais d’où viennent ces cons  d’automobilistes? ».

Voyager comme nous le faisons est plus fatiguant que notre séjour au Costa Rica. Changer de place tous les soir ou aux deux jours est éreintant. Fait et défait les valises, tu en as mare après quelques jours. Il est si facile d’avoir un pied à terre et naviguer autour. Pour l’Argentine, c’est impossible. On verra bien. Il nous reste encore 7 semaines… J.

Ce soir, nous avons soupé dans un vrai resto argentin où ils font griller la viande sur la braise. De tout : mouton, bœuf, lapin, saucisses, viscères, boudins, mêmes des mamelles de vaches…de tout. C’était très bon et malgré notre espagnol rudimentaire…on a bien mangé mais faut dire que les serveuses ont bien rient quand pour savoir le nom de la viande d’agneau, j’ai fait ’bêêêê’ pour me faire comprendre. ‘Cordero’ m’a-t-elle dit dans un grand rire.  Mais comment avoir faim le matin quand tu vas souper à 22h00 le soir ? Comment font-ils pour être à l’heure au travail ?  Je ne m’habitue pas encore. La France ça va…ils soupent à 20h00…mais ici, ça arrive dans les resto pour souper jusqu’à minuit, merde.

 MARDI LE 27 JANVIER…PUERTO MADRYN 

Quelle belle ville et que belle journée. Nous avons fait 400 km. Nous approchons de la Terre de Feu. Nous en sommes à 1500 km. Il fait aussi chaud, la mer est magnifique et les gens des plus accueillants.

Nous sommes partis de Las Grutas ce matin vers les 10h00. Nous avions un bel hébergement avec petit déjeuner inclus. Faut dire vite. Du café à l’américaine, car ici on n’a pas encore dégusté un bon café. Ici, on boit le maté. Comme pain, la baguette de la veille, un peu rôtie, servie en croûton. En tout cas, le café partait bien la journée. Ça nous réveillait au moins.

Ce qui nous surprend depuis une semaine et c’est sans doute  une de mes interrogations, comment font les argentins pour se lever tôt le matin quand ils vont souper à 23h00 le soir. Même les restos n’ouvrent pas leurs portes avant 21h00…En circulant sur la route, je remarquais un nombre impressionnant de véhicules lourds stationnés ici et là sur l’accotement. Les routiers roupillent comme la majorité de la population d’ailleurs en 13h00 et 16h00. La population dort 3 heures dans l’après-midi. Elle peut être en forme le soir venu au resto et nous on est tout maganés. Bon, ce sont leurs mœurs et dans le fond, cette population a appris des espagnols qui font de même. Une autre surprise, c’est le contrôle policier sur les routes. J’en vois peu sur les routes mais beaucoup entre les villes, comme si les policiers voulaient savoir qui entrent et sortent de leur patelin. Ils font de barrages routiers partout. Tu passes d’une ville à une autre, tu as les policiers de la première ville qui te guettent en sortant et les autres qui font de même en entrant. Des petites roulottes installées sur le bord de la route identifiée ‘quartier de police’ et ils sont là deux ou trois flics à faire le contrôle. Tout ce qu’ils font, ils te regardent passer. Puis entre les provinces, on contrôle les véhicules aussi. En Argentine, il est interdit d’amener avec soi des fruits et des légumes entre les provinces. Ce matin, en arrêtant à l’arrêt El Gaucho de la routa 3, j’ai piqué un ruban rouge, la couleur du saint.. Je l’ai posé à l’arrière de ma voiture, après l’essuie glace. Quand je suis passé au contrôle routier, le gars qui inspectait m’a fait le pouce en l’air en disant ‘Perfecto’. C’est pour dire que El Gaucho est vénéré par toute la population comme un saint.  Je vous conterai l’histoire un peu plus loin

Donc, aujourd’hui, nous avons passé dela province Rio Negro à celle de Chubut (dire tchouboutt). Le temps est aussi chaud et sec, 40o vers 15h00 sur la route. Le paysage a changé. Nous avons des contrastes dans le relief à l’horizon. Nous passons de la pampa plane, riche et sans relief, à un paysage aride et relativement désertique. On ne voit plus de chevaux, ni de bœufs. C’est le pays du mouton. Ça m’enlève mes préjugés sur la Patagonie que je croyais froide et enneigée. Nous sommes à la hauteur équivalente de Sherbrooke (46o Nord) et il y a des palmiers. Ça me confirme que le sud de la terre est moins froid que le nord. Les palmiers ne poussent pas encore à Sherbrooke je crois.

Le parcours d’aujourd’hui a donc été des plus plaisant. Nous avons eu droit à quelques beaux oiseaux ce matin et en après midi, circulant sur la routa 3 vers le sud. D’abord un troupeau de  guanacos, un espèce de lama sauvage. Ils étaient une dizaine près d’un étang. Puis, nous nous sommes arrêtés sur le rebord de la route à la vue d’un étang qui semblait très vivante. Et voilà…nos premier flamands rose de l’Argentine. On s’est rincé l’œil par une très belle température chaude et sec.

Une très belle journée à rouler à 90km alors que les Argentine vous dépassent à 120 et vous klaxonne bien souvent pour vous dire que dans ce pays, il faut rouler vite…

Ce soir ce fut la belle surprise. Puerte Madryn. Une belle petite ville balnéaire et propre, propre, propre. Je dois vous dire qu’en dehors de Buenos Aires, je n’ai pas encore vue un seul mendiant.  Surprenant pour une ville où des gens à l’aise passent leurs vacances. Ce genre de bleds ailleurs en Amérique attire d’habitude les plus démunis pour se faire un peu de pécule. Des gens fiers de leur ville et de leur pays que nous avons rencontrés à date. Même coté de la circulation auto, ils sont disciplinés. Je suis quand même surpris, quand chaque fois que j’arrive à un coin de rue sans feu, les piétons me font signe avec le sourire de passer.  Et quand c’est moi qui attends pour les laisser traverser d’un trottoir à l’autre, ils sont abasourdis. Une autre aberration : le passage du feu rouge au orange. Chez nous, le feu vert passe au orange pour ralentir l’ardeur des maniaques de la vitesse ou des pressées comme moi. Ici c’est le rouge qui passe à l’orange avant le vert afin de ralentir les pieds pesants.

Nous avons déniché un appartement pour les trois jours et nous allons vraiment nous reposer. Nous avons Internet WI-FI gratuit qui vient de je ne sais d’où. Demain, je suis en plongée sous-marine avec les lions de mer et Diane découvrira les oiseaux de la mer juste à deux pas de notre logement. Nous sommes sur la mer. Ce soir, on s’est fait la bouffe à la maison avec pollo grillé à la brésilienne et un bon vin blanc argentin.

On se la coule douce pour trois jours.

Je vous reviens demain.

MERCREDI LE 28 JANVIER…SURPRISE !!! 

Notre deuxième commence très tôt. Le cadran sonne à 7h15. Vous me direz : ‘ils sont en vacance, que font-ils debout si tôt ?’. Because…plongée sous-marine. Nous voilà donc au centre de plongée Scuba Duba à 7h45 après avoir déjeuner au jus d’orange, kiwi et fromage. A cette heure, RIEN n’est  ouvert ici. J’attends. J’attends. Pis, j’attends. Voila l’instructeur qui arrive. On se salue. Je lui demande si on plonge bien ce matin, il me dit oui et ajoute cette phrase : ‘ Tu dois être encore à l’heure Buenos Aires…ici il juste 7h00’. Merde…le décalage horaire optionnel de l’Argentine. On avait oublié. Il pouvait bien faire clair hier soir à 11h00 et si sombre ce matin à notre réveil à 7h15…oups, je veux dire 6h15. Bon…on nous avait pourtant bien mis en garde. Bon, on saura pour le prochain arrêt. Nous irons voir
la Tourismo Information et leur demanderons : ‘Que hora es in la ciudad ?’.

Je reviens donc une heure plus tard après avoir été dégusté un excellent café dans un petit bistro du coin recommandé par le commis de notre hôtel,  ouvert que pour les clients de l’hôtel mais on nous a servi avec amabilité. Au club de plongée, beaucoup de plongeurs sont sur place et il n’y a que des novices. Nous sommes deux plongeurs d’expérience sur le lot. C’est plus intéressant ainsi. Moins nombreux, les instructeurs se permettent un peu plus de liberté que lorsque le groupe comprend 6 ou 7 plongeurs. On me sert un bon maté bien chaud. C’est ma première expérience avec ce que les argentins disent être une drogue légale. Ça se rapproche du thé, plus herbeux, comme de la verveine exta-fort. Et ça calme, c’est vrai. L’instructeur me dit d’y aller lentement. Je crois qu’il se moque de moi.

Bon…la plongée. Premier feeling…plonger même dans une mer dont l’eau à la température des lacs de l’Abitibi…soit 19 ou 20oC…Ce n’est pas chaud quand l’eau pénètre dans votre combinaison de plongée…même si son épaisseur fait 13 mm. Imaginez, dans les Antilles par exemple, nous plongeon avec une combinaison ¾ qui fait dans le 3 ou 5 mm dans de l’eau entre 28 et 30oC. Puis, il y a les bottes et
la cagoule. Donc vous êtes bien au chaud dans cette enveloppe et quand vous vous lancer sur le dos à l’eau et que l’eau de mer pénètre entre la cagoule et votre veste, qu’elle vous refroidit la colonne vertébrale…et bien vous vous dites qu’est-ce que tu fait ici le cave ?… 
J

Mais la froideur de l’eau fait place au plaisir de respirer sous l’eau, vivre l’apesanteur et descendre lentement au fond. Un banc de dauphins passe au-dessus de nous. On prend quelques photos. Des pingouins fuient notre arrivée mais une dizaine de lions de mer, femelles et jeunes, viennent nous rejoindre à 20m sous l’eau. Ils tourbillonnent autour de nous… viennent nous regarder droit dans les yeux…plutôt le masque…À genouillés au fond de la mer, nous sommes trois à se laisser enjôler par ces juvéniles qui demandent notre main pour la frôler ou la mordiller comme un jeune caniche avec qui on jouerait. J’en ai un qui n’arrête pas de me mordiller le dessus de la cagoule. Ça surprend quand il arrive par derrière pour poser ce geste amical. Les mâles vont rarement à l’eau pendant
la reproduction. Chien qui va à la chasse, perd sa place. Ils ont compris cela il y a des lunes ces lions. Alors, ils se chamaillent constamment avec un compétiteur en rugissant ou simplement en le chargeant. Les blessures ne sont pas rares, mais nous on s’en fout, les jeunes sont tous autour de nous et nous amusent. Le jeu durera une bonne heure. Je commence d’ailleurs à sentir la fraîche de l’eau. On remonte au soleil dans le bateau qui nous attend. Nous changeons rapidement de planche de plongée tout en dégustant un autre maté.

Décidément, j’y prends goût. J’en profite pour demander un petit cours sur la préparation de cette boisson traditionnelle du pays. Il me donne l’occasion de me pratiquer et quand je viens pour brasser les herbes, je l’entend crier :’NO’. J’ai compris, à son air paniqué, que j’allais commette une erreur qui aurait pu me valoir une journée ou deux de prison. Il m’explique. On ne brasse jamais les herbes avec la pipette qui sert à aspirer la tisane. On laisse l’eau bouillante macérer le matée et là, j’ai vu qu’une petite mousse apparaît à la surface de votre gobelet à maté et vous pouvez déguster.

Cette fois-ci, nous nous dirigeons vers un navire marchand échoué à 30m par le fond, dont la coque est visible à la surface par marée basse. Je tremble encore de la première heure de plongée. Un second plongeur nous accompagne. À comprendre les multiples directives que l’instructeur lui prodigue, je devine qu’il est à une de ses premières plongées. On plonge. Rapidement je situe l’épave et commence ma descente. À 20m, je regarde l’autre plongeur et l’instructeur qui sont toujours à la surface. Je continue ma descente vers l’épave. La visibilité n’est pas idéale, mais à 10m on voit bien. C’est là que je constate que la mer ici est affectée par les polluants. D’ailleurs, une partie de la plage vers le port montre certains signes à cet effet. Comme en Bretagne, la présence d’algues vertes semble évidente. Je ne suis pas un expert, mais quand des algues se mettent à pousser sur des récifs rocheux, qu’en plongée on observe des filaments verts flottants au fond de la mer et bien j’en déduis qu’il y a un problème. J’essaie de comprendre pourquoi la présence de tant d’algues alors qu’il n’y pas ici d’agriculture concentrée. Est-ce l’industrie lourde ou les déchets de la ville ? Je ne sais pas.  Qu’un lac d’eau douce soit affecté par un tel phénomène n’est pas rare. Que la mer le soit, c’est qu’on traîne le problème depuis bien longtemps et Puerte Madryn est le plus important port de la côte est de l’Argentine. Le nombre de bateaux qui passent ici et que nous pouvons voir est ahurissant. Ce trafic vient surtout du sud où sont situé les grands champs pétroliers OFF SHORE.

Bon, la plongée. Je vois mon compagnon de plongée faire plusieurs tentatives de descente et aussitôt, il semble paniquer et il remonte à
la surface. C’est vrai que lorsque vous plongez dans une mer trouble dont la visibilité est réduite, c’est un peu paniquant car nos repères visuels, on le perd. Il faut alors se guider avec des plus gros objets, rester en groupe ou être bien instrumentés. Je fais une fois le tour de l’épave, mais je ne la connais pas du tout je n’ose y pénétrer. Je sens un main toucher mon épaule droite…c’est l’instructeur. Il est seul ce qui signifie que l’autre plongeur a abandonné. Nous commençons avec plaisir la découverte de l’épave, qui fait, je dirais 50 mètres. Il me fait d’abord visiter la salle des machines, puis le pont des marchandises. Je devine. Cela pourrait être le quartier-maître. L’heure passe vite et nous remontons vers la surface après une heure de plongée.

Je reviens au bord de l’eau où Diane m’attend. Le temps de faire quelques courses et nous voilà attablés pour dîner.  C’est là nos premières expériences de faire des emplettes ici en Argentine. Je dirais, que les prix sont près de la moitié du Québec. Les denrées de base ne sont vraiment pas chères. Ici, c’est le luxe qui coûte cher.

Il est 14h00. Le vent s’est levé. Il est du nord. Soyez sans crainte, quand le vent vient du nord, c’est signe de beau temps. C’est quand il vient du sud qu’il pleut ou le temps devient frais.

Le temps de la sieste. A bientôt. Ouf…fait chaud.

On revient à l’appart. Après une tentative pour aller visiter un site de prédilection pour les oiseaux. Après quelques kilomètres de route, malgré la clim dans l’auto, on change d’idée. Il vente encore à écorner les bœufs. On se reprendra demain, plus tôt quand le temps sera plus doux et si possible moins venteux. Le vent est assez chaud qu’une personne pourrait sécher debout. Quand vous dites un vent chaud, c’est chaud. Ici, à quelques kilomètres, c’est la steppe. Madryn est comme un oasis dans ce paysage enchanteur. Mais dès que vous êtes sortie de la ville et que vous ne sentez plus la fraîche de la mer, c’est torride. Nous revenons donc à l’appart et en ouvrant le PC pour charger les photos de ma plongée, Pierre et Carole nous font signe pour une placote sur SKYPE. On passe une demi-heure en trinquant un bon rhum de part et l’autre de l’Amérique, avec 50oC de différence… 

J’en profite donc pour mettre à jour les informations que je tenais à vous donner sur ce pays qui nous plait jusqu’à ce jour.

Parlons de EL GAUCHITO.  Est-ce une légende ou une histoire réelle…toujours est-il qu’il a existé et encore aujourd’hui, le peuple lui voue une admiration identique à un saint. Il lui édifie des lieux de prières sur les abords des routes principales (voir la photo de la route 3). On arbore le ruban rouge sur les voitures en sa mémoire et pour qu’il protège nos voyages. Il est le Saint-Christophe de l’Argentine. Vous connaissez notre Saint-Christophe au moins. Tous nos parents avaient sa statuette sur le ‘dash’ de leur voiture afin de les protéger contre toute accident d’automobile.

Antonio Gil est né en 1847. Refusant de rejoindre l’armée argentine, il déserta avec deux de ses camarades. Il devint un Robin des Bois en volant aux riches propriétaires terriens pour nourrir les pauvres. Évidemment, il fut pincé un jour comme tous les héros. Il fut condamné à être pendu par les pieds, sans doute pour le faire réfléchir.  Il fut décapité dans cette position. La guillotine argentine venait de naître… J Gil, juste avant sa mort, sentant sans doute venir le coup de sabre fatal lui enlèverait quelques centimètres de sa taille originale,  dit a son bourreau : ‘ Ton fils est mourant…si tu veux qu’il guérisse, tu dois m’enterrer dignement’. Après la décapitation inversée, le bourreau retourna en congé dans sa famille et il appris que son fils était effectivement mourant. Il se souvient de la promesse de Gil et il revint sur les lieux de l’exécution afin de lui procurer une sépulture comme le demandait le futur saint. Son fils guérit aussitôt et ainsi naquit la légende de El Gauchito.

Aujourd’hui, beaucoup d’Argentins le vénèrent donc et ma foi moi aussi. Sa tombe est visitée annuellement par des millions de personnes et pour les gauchos, travailleurs de l’agriculture, c’est plus qu’un saint, c’est leur patron.

Donc, si vous venez en Argentine et vous passez devant un petit autel dressé sur le bord de la route et quelqu’un y prie…klaxonner…afin de leur souhaiter un voyage sécuritaire.

C’est une très belle histoire, mais ce qui me saisit le plus, ce sont les conditions dans lesquelles ces gauchos ont dû travailler afin de regrouper le bétail pour la vente et au profit de riches propriétaires terriens. Ils ont toute mon admiration. Ils sont à l’origine de  la base du développement économique de ce merveilleux et grand pays, qu’est l’Argentine.

Sous l’air chaud qui entre avidement dans notre appartement par une grande fenêtre toute grande ouverte, sans pour autant la rafraîchir, nous sommes lâchement allongés à souffrir de la chaleur de la Patagonie. Je perds toutes mes illusions d’ailleurs sur ce coin de pays que je croyais isolé et désertique, oui, mais jamais aussi chaud. Il me semble que mon enfance était peuplée de pingouins vivant sur des banquises de glace,  pas à 40oC.  Nous sommes à la hauteur de Sherbrooke, soit le 45oui 46o sud. Il y a encore des palmiers et l’eau de la mer est à 20oC. Il me semble que ce n’est pas juste. Pourquoi on ne crèverait pas on Nord et on ne gèlera pas au Sud ?

A moins d’un inversement des pôles, ce n’est pas pour demain le changement. Mais tout de même, maudit que le Québec est beau en ÉTÉ. Je vais toujours le préférer à tous les autres pays quand durant ces mois où peut manger dehors, se voisiner et surtout goûter à la chaleur.

Pour l’hiver…il nous reste encore beaucoup de pays à visiter entre janvier et mars…LOL.

JEUDI, LE 29 JANVIER Nous revenons d’une longue balade en auto à la Péninsule Valdès, le lieu du premier débarquement des colons espagnols en Patagonie au milieu du 16ième siècle et aussi un lieu visité par Darwin, lequel a été le père de la philosophie sur l’évolution des espèces. En débarquant dans ce coin de pays, il fut surpris d’entendre les habitants dire qu’il n’existait aucune ressource et que ce pays était presque stérile à cause de la grande étendue de ses steppes arides. Selon lui, les espèces d’ici  et celles de l’Île de Galápagos au Chili  démontraient toute la capacité adaptation de l’espèce animale, donc de l’homme. Ici pris vraiment naissance cette philosophie de l’évolution des espèces. Il fait chaud, encore très chaud et le vent est soutenu. Il va falloir parler aux argentins d’installer dans cette partie de leur pays de éoliennes. Ils feront des affaires d’or en économie d’énergie. Nous étions debout assez tôt, 8h00. On a ajusté nos montres. J

Nous avons pris la route tôt car la péninsule de Valdès, connu par tous les naturalistes,  est à 100km de Madryn et elle fait 150 par 100 km. Toutes les routes sont en graviers. Alors, il fallait y voir. Aussi, petit détail, je me suis levé avec un rhume et le nez me coule comme les érables au printemps J’avais prévu le coup et j’ai 8 paquets de papier mouchoir avec moi et 4 litres d’eau. Je sens que la journée sera longue. J’aurais préféré soigner mon rhume. Je crois bien que la plongée sous-marine en eau froide n’a pas aidé.

Nous voilà sur la route. On passe le pont de contrôle à l’entrée du parc national. Le coût d’entrée est élevé : 15$ par personne pour circuler sur les routes de gravier, plus 3$ pour le coût journalier du parc. Ce sont tout de même de très bonnes routes bien entretenues où on peut rouler 80 km/h. Nous passons à l’endroit le plus étroit de la péninsule et nous pouvons très bien voir le Golf Nuevo et le Golf San Jose. Un très beau coup d’oeil.  Premier arrêt au centre d’accueil très bien aménagé, pas très professionnel car aucun dépliant ou document écrit n’est remis au public. Surprenant.

La visite se poursuite sur cette presqu’île. Nous arrivons dans un joli petit village, ancré dans le fond d’une petite baie, appelé Puerto Piramides. Ce nom lui vient de la vue des montagnes ou dunes tout autour du village. Ici, on ne sait pas encore si c’est un désert de sable ou la steppe sans verdure. Toujours est-il que c’est fort sympathique, les gens accueillant et nous faisons le plein et achetons de quoi à bouffer en cours de route. Nous avons encore 200km de gravier à faire par une chaleur de 40oC. Avec mon rhume et mes ‘kleenex’, je fais double provision d’eau. J’en boirai 4 litres durant la journée tellement quand vous sortez au vent chaud, votre corps se déshydrate rapidement. On repart.

Deuxième arrêt : lions de mers et quelques pingouins de Magellan et des oiseaux évidemment. On verra de tout mais ce n’est rien pour écrire à sa mère. On reprend la route et on croise toute sorte de bêtes sauvages et domestiques, des tinamous aux chevaux domestique mais en liberté dans ce grand pâturage.

Sur notre retour, nous faisons un arrêt à l’île aux Perroquets.  Cette île est d’ailleurs citée dans le roman de Saint-Exupéry, le petit Prince. L’endroit est calme, reposant et surtout pas trop achalandé.  On verra encore là certains oiseaux que nous souhaitions, en autre une famille de tinamous élégants (voir photo). La végétation de cette péninsule est déboussolante pour des nordiques comme nous. Des vieilles mines énormes de sel y ont été exploitées, des steppes chaudes qui n’abritent que des hordes de moutons et de guanacos sauvages (lamas sauvages), des prés verdoyants et des coins perdus comme ce n’est pas possible. Il y a des gens des 4 coins du monde qui viennent ici pour découvrir ce pays unique. Est-ce que cela en vaut la peine. Non, si vous êtes en Argentine pour 2 semaines seulement et oui, si vous y venez pour deux mois comme nous. C’est une région sauvage, mystique et impressionnante par ses dimensions et ses beautés naturelles mais inhospitalière par son isolement et son aridité.

À l’occasion cette après-midi, je pensais à mon père.  Pour les vacances estivales, il faisait  la route Val d’Or en Abitibi et Buckingham (Gatineau), tout en gravier, avec toute la famille à bord de son ‘station wagon’ qu’on disait dans le temps. . Quels souvenirs cette vieille route et les 3 ou 4 crevaisons que l’auto faisait durant le parcours de 12 heures.  

Nous revenons à notre appartement vers les 18h00, brûlés, enrhumés et affamés. Le soleil tape fort ici et encore plus avec le vent qui balaye sans cesse ces grands espaces. Ce soir, c’est pizza argentine. Nous avons déniché une bonne petite pizzeria dans le coin et nous commandons. Une pizza full comme je dirai au proprio qui parle bien anglais et s’amuse à vous tout mettre dans une pizza. WOW…quel délice. Une des meilleures pizzas que j’ai goûtée dans mes voyages depuis des années…pour 12$ et avec la bouteille de vins…16$. Une aubaine.

Que dire de cette belle petite ville qu’est Puerto Madryn en Patagonie.  D’abord, ça  vaut le détour. Les gens sont d’une grande gentillesse et très serviables. C’est propre, très propre et les chiens qui se promènent, sont toujours en laisse et souvent sous la supervision, comme c’est la coutume dans les grandes villes en Argentine, par des ‘promeneurs’. Ce sont des gens qui offrent leurs services pour promener les chiens. Donc, je n’ai pas encore vu en Argentine une crotte de chien sur un trottoir. Aussi, c’est une ville de belle taille et tout ce qu est industriel n’agresse pas la partie villégiature. La conduite auto se fait bien (malgré les feux orange qui suivent les feux rouges!) et les automobilistes sont respectueux. Donc, un 3 ou 4 étoiles dans le guide Michelin.

Demain nous quittons pour le sud. Nous nous enfoncerons encore plus dans la Patagonie, même que nous croyons entrer dans la région de Santa Cruse a voisin de la Terre de Feu (Tierra del Fuego) pour y rester aussi deux jours. L’Amérique du Sud s’étrécit de plus en plus à cette hauteur et nous croyons bien (nous avons hâte) de trouver du temps plus frais pour marcher à notre guise dans les milieux naturels.

VENDREDI, LE 30 JANVIER 

La mer est plus calme au réveil, le temps plus doux (75oC) et mon rhume a un degré de plus de puissance… J. Nous prenons la décision de demeurer une journée de plus ici, à l’appartement. Nous nous paierons deux bonnes journées de 500km chacune par la suite. Cela devait aussi atténuer un peu les effets désagréables de mon rhume. Aujourd’hui la proprio de l’appart nous a suggéré quelques visites intéressantes autour de Trelew  la capital de la province du CHUBUT, dont la plus imposante colonie de pingouins de Magellan plus au sud. Ils sont un million de spécimens entassés sur les plages là-bas. On verra bien. Allez…petit déjeuner de fruits et c’est partie.

Nous arrivons très tard de Punto Tombo, à 150km de notre appartement. C’est loin. Par chance, la majeure partie du trajet est sur le pavé neuf mais la journée fut longue et épuisante avec mon rhume qui me congestionne complètement. La pharmacienne du coin m’a prescrit un médicament qui semble faire ses effets. On verra demain matin car samedi sera aussi une bonne journée de route.

Avant d’arriver à Punto Tombo, nous faisons un arrêt à Trelew. Notre carte nous indique qu’il y a un lac en plein milieu de cette ville de 80 000 âmes. Il y a bien un lac et il est rempli d’oiseaux qui semblent y mener une vie agréable. Mais à l’approche du Lac, je m’aperçois que sa couleur indique un niveau de pollution avancé. Elle est verte, mais pas à peu près. Mes notions dans le domaine d’une pollution aussi évidente, lesquelles j’ai acquises au ministère de l’Environnement, me laissent  croire que ce lac est entouré au trois quart par un ancien site d’enfouissement. C’est récemment nivelé et l’odeur et la couleur du lac me disent que c’est dû en partie au lexiviat de cette ancien dépotoir. La dernière fois que j’ai vu un lac d’une telle couleur, ce fut en Estrie, au site orphelin de St-François que je visitais régulièrement avec Michel, l’ingénieur du ministère responsable du dossier.

Tout de même, Diane a pu observé plusieurs espèces nouvelles dont un cygne, des canards et des grèbes. Pour la ville, ça ne vaut pas le détour et mon soupçon quant à l’origine de la pollution de ce plan d’eau était du à un ancien site d’enfouissement, quand nous nous sommes dirigés vers l’extérieur de la ville, nous avons aperçu cet ancien site dont une partie est encore en opération en ce qui regarde la récupération de matériaux secs. Mais tout autour de ce site, ce ne sont que des sacs de plastic que vous voyez et la grande route passe à travers tout ça. Disons que ce n’est pas très bon  pour l’image touristique de la ville de Trelew.

On file vers Punto Tombo. Une très belle route et un décor différent. C’est plus valonneux. Ça me fait penser aux  Baux de Provence. Juste des murs de calcaire qui se dessinent le long de notre parcours entre la route nationale et le site des pingouins. Et des pingouins, on en a vu. C’est la plus importante colonie de cette espèce qui existe en Argentine. Les femelles et les petits sont encore ensemble. Les mères les nourrissent encore en allant jusqu’à 600km en mer pour trouver de la nourriture. Sur des kilomètres de steppes et de champs, les pingouins font leurs nids, soit sous un arbrisseaux  ou carrément dans le sable afin de protéger les petits des prédateurs ou du soleil asséchant de la Patagonie. Impressionnant quand on pense qu’un tel rassemblement n’existe nulle part ailleurs et que ces petites bêtes gentilles, pas plus haut que 30 à 50CM sont ici depuis de milliers d’années à perpétuer leur espèce.

De retour, pour la première fois, je pense au conseil de mon ami Patrick : ‘N’oublie jamais de faire le plein, même au ¾ de ta réserve quand tu prend la route…on ne sait jamais’. Et bien à Punto Tomba, il n’y avait pas d’essence. J’y repars le réservoir au ¼ et je ne sais pas si j’en ai assez pour faire le 110km jusqu’à Trelew. Il me semble que l’aiguille prend du temps à décoller de la marque PLEIN mais un fois atteint le mi-réservoir, elle accélère sa chute plus vite qu’après le plein.

Bon la dessus, je vous laisse. Les pâtes sont prêtes et le vin aussi.

À la semaine prochaine et n’hésitez pas pour me faire part de vos commentaires, amis de partout et lecteur imprévus.

PS : pour suivre notre voyage en détails…téléchargez sur votre PC Google Earth. Vous aurez le monde à votre portée sur le plan géographie. 

Un commentaire pour “2ième semaine texte”


  1. Marta Concha écrit:

    Chers Mr. et Mme. Boisvenue. Aujourdhui je pu entrer dans le site et lire votre voyage a la Patagonia Argentina. Je ne connais pas cette region. M*a frappe la decouvert des oisseau. Vous etes un observateur aigu et un bon transmiseur de vos impressions. SVP. excusez mon pire francais. Je me suis amusee beaucoup et au meme temp j*appris sur la Patagonia. Un tres bonn voyage et continuez SVP avec votre narration. Marta Concha.


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